Interview de Pascal Beroud – Chef de pôle et Chef de service du pôle de radiologie et d’imagerie médicale au Grand Hôpital de l’Est Francilien
Face aux difficultés pour réaliser des tests PCR en nombre et en obtenir rapidement les résultats, le scanner thoracique sans injection s’est révélé être une solution alternative fiable pour établir un diagnostic Covid-19, en complément de l’examen clinique. Le Dr Pascal Beroud, Chef de pôle et Chef de service du pôle de radiologie et d’imagerie médicale au Grand Hôpital de l’Est Francilien, revient sur l’apport de l’imagerie médicale durant la crise.
Un outil de diagnostic et de surveillance
« Cet examen facilite l’orientation des patients entre retour à domicile, ou hospitalisation dans une unité Covid19 ou non Covid19 et rassure l’urgentiste sur le choix d’un retour à domicile, selon les résultats du scanner », indique le Dr Pascal Beroud. Il s’est aussi révélé utile pour rechercher des complications, en particulier les embolies pulmonaires de patients en réanimation. Enfin, le scanner thoracique apporte une solution de suivi des lésions pulmonaires dues au SRAS-Cov2. « Les premières études montrent la possibilité de fibroses pulmonaires et probablement une surveillance, par scanner, à 3 mois, sur les formes hospitalisées et ou sous oxygène de Covid19, est à organiser », souligne le Chef de pôle et Chef de service du pôle de radiologie et d’imagerie médicale au GHEF.
Des données pour la recherche
Les données recueillies par le GHEF sont agrégées dans la base FIDAC mise en place pendant la crise sanitaire à l’initiative de la SFR, en partenariat avec NEHS DIGITAL. Comme de nombreux autres établissements, le GHEF apporte ainsi son concours à la recherche sur le SRAS-Cov2 et au développement par des startups d’algorithmes d’aide à la décision médicale. « Nous sommes convaincus de l’importance de mettre à disposition de structures publiques ou privées des données organisées et fiables. Les images de scanner recèlent une mine d’informations sous-utilisées. Avec FIDAC, nous allons pouvoir nous appuyer dessus pour enrichir le diagnostic », se félicite le Dr Pascal Beroud.
Les radiologues du GHEF solidaires
L‘arrivée du SRAS-Cov2 a très vite conduit les services de radiologie et d’imagerie médicale du Grand Hôpital de l’Est Francilien (GHEF) à revoir leur organisation. « Au terme d’une conférence avec les 3 chefs de services et les cadres, voyant l’importance que prenait le scanner dans le diagnostic du SRAS-Cov2 , nous avons décidé de tout modifier du jour au lendemain », raconte le Dr Pascal Beroud, Chef de pôle et Chef de service du pôle de radiologie et d’imagerie médicale au GHEF.
Les deux scanners d’urgence du GHEF ont été réaffectés au SRAS-Cov2. La transformation s’est faite d’autant plus facilement que « les consultations externes étaient en importante diminution, et les urgences non Covid ne venaient plus », indique le Dr Pascal Beroud.
Toute cette période, gérée en mode task force, avec des réunions quotidiennes des chefs de service, aura marqué les esprits à plus d’un titre. Il y a eu le surcroît d’activité avec des nuits de garde pouvant comptabiliser jusqu’à 50 scanners. « En fin de garde, les radiologues étaient épuisés », se souvient le Dr Pascal Beroud. Mais, il retient aussi la grande solidarité des acteurs hospitaliers. Associée à la bonne organisation de la radiologie en particulier au niveau de la SFR, avec la mise en place d’outils divers (CR structuré, bibliothèque d’images scanner de SRAS-Cov2 cours en ligne, recommandation organisationnelle…), elle a contribué à des conditions d’exercice les moins stressantes possibles. « Il était important de ne pas mettre les radiologues en difficulté, ajoute-t-il, car nous connaissions la sémiologie (opacité en verre dépoli) mais pas la pathologie et ne savions pas au départ quels examens réaliser. » L’organisation, l’entraide ainsi que le compte rendu type auront permis aux radiologues de remplir au mieux leur mission.
La téléradiologie est en pleine expansion
Depuis plusieurs années, la téléradiologie est en plein essor. Son rôle s’est amplifié avec la crise du SRAS-Cov2 notamment pour un 2ème avis permettant de valider un diagnostic. « C’est un outil d’aide et d’amélioration de la qualité des soins qui va se développer », pronostique le Dr Pascal Beroud, Chef de pôle et Chef de service du pôle de radiologie et d’imagerie médicale au GHEF. Le GHEF qui dispose d’un PACS unifié sur ces 4 établissements – les Centres hospitaliers de Meaux, Marne-la-Vallée, Coulommiers et Jouarre – utilise la téléradiologie dans l’organisation de la permanence des soins en s’appuyant sur le programme ORTIF pour les demandes d’examen, les validations et la transmission des protocoles.
La téléradiologie contribue également à une meilleure organisation de la permanence des soins en optimisant la présence des radiologues sur les sites. « Toutefois, souligne le Dr Pascal Beroud, cette pratique ne doit pas transformer le radiologue en télé-interpréteur. C’est avant tout un médecin dont le rôle ne peut se limiter à l’interprétation d’un examen. Le contact avec le patient est important. La remise d’un compte-rendu ne suffit pas. » Selon lui, les radiologues doivent veiller à la juste place de la téléradiologie dans leur activité.