Grâce au déploiement accéléré de la plateforme régionale TéléO en Occitanie, développée par NEHS DIGITAL, le Centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze a pu assurer le suivi de patients non Covid-19 pendant la crise. Une pratique appelée à perdurer. Entretien avec Philippe Barbot, responsable du système d’information au Centre hospitalier gardois.
La crise du Covid-19 a mis en avant les atouts de la télémédecine pour garder le lien avec les patients non Covid. Était-elle déjà envisagée au Centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze, avant l’épidémie ?
La téléconsultation était prévue dans le cadre du programme régional PÂSTEL en cours de déploiement. La région souhaite également enrichir le réseau de télé-expertise d’urgence existant avec la télé-AVC, la télé-neurochirurgie et la télé-imagerie, pour mettre en relation médecins requis et requérants. Elle s’appuiera notamment sur des outils plus modernes tels que Nexus Platform. Le Centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze est aussi inscrit dans ce projet, mis en sommeil pendant la crise.
Aujourd’hui, nous profitons du déploiement accéléré de la plateforme TéléO proposée par le Groupement e-santé Occitanie (GRADeS) pour lancer les premières consultations à distance en urologie, allergologie, soins palliatifs, gynécologie obstétrique, diabétologie et nutrition. Ces téléconsultations sont portées par des praticiens convaincus de l’intérêt de cette technologie. Ils veulent épargner aux patients des déplacements et les rassurer en leur évitant une possible contamination par le nouveau coronavirus.
L’idée souvent véhiculée est que l’adhésion à la télémédecine serait une affaire de génération. Des médecins moins jeunes pourraient-ils cependant être tentés par la téléconsultation ?
La téléconsultation peut être adoptée par la majorité des professionnels de santé, jeunes ou moins jeunes ! Une petite anecdote me vient en tête, du côté du patient : au centre hospitalier, la patiente la plus jeune en téléconsultation avait 6 ans (nb : accompagnée de sa mère), la plus âgée avait 91 ans, avec sa fille de 70 ans.
Avec l’expérience vécue de ces derniers mois, nous envisageons d’élargir les possibilités de téléconsultation à d’autres spécialités, conformément à la feuille de route de Ma Santé 2022. C’est d’ailleurs inscrit dans notre schéma directeur.
En revanche, l’adoption paraît difficile pour certains usagers et patients, d’autant plus que nous avons dans la région une population avec un taux d’informatisation et d’utilisation de l’informatique bien moindre que dans les grandes villes. C’est un obstacle à prendre en compte dans le déploiement de la téléconsultation. À cela, s’ajoutent des problèmes d’infrastructures numériques avec des zones blanches très proches de la ville de Bagnols/Cèze.
Vous avez pu commencer à tester TéléO, quels sont vos premiers retours ?
L’agenda de consultation est très simple à créer pour les secrétaires. Du côté des patients, le lien avec le mot de passe qu’ils reçoivent peut parfois constituer un frein. Autant ils vont accepter cette procédure de sécurité de leur banque, autant ils ont plus de mal quand il s’agit de la santé. Quoi qu’il en soit, cela reste une solution simple à utiliser, plus encore pour des personnes habituées à des solutions personnelles de visioconférence.
Les praticiens de votre établissement qui ont eu recours à la téléconsultation pendant la crise vont-ils l’intégrer dans leur pratique à l’avenir ?
Là encore, la poursuite d’usages adoptés pour la crise du Covid-19 est très dépendante des praticiens et de leur spécialité. L’une des clefs est de pouvoir travailler avec des applications très réactives, sans latence, qui répondent à l’organisation médicale du praticien. Egalement, une autre de ces clés pour garantir l’adhésion et l’intégration des outils de télémédecine reste l’interopérabilité – la question est déjà abordée avec les différents éditeurs concernés.
Certains praticiens du CH de Bagnols-sur-Cèze sont d’ores et déjà prêts à poursuivre avec ces outils, par exemple pour le suivi de diabétologie ou de l’allergologie qui ne nécessite pas systématiquement la venue du patient. La téléconsultation ouvre clairement la voie à une façon complémentaire de pratiquer la médecine.