Dans un contexte de profonde recomposition de l’offre de soins, d’augmentation considérable et durable du poids des pathologies chroniques, conjugué à de fortes contraintes budgétaires et de démographie médicale, la télémédecine devient chaque jour un peu plus une alternative crédible et fiable pour répondre à la fois aux enjeux de santé publique et d’aménagement du territoire.
Cette nouvelle pratique médicale permet en effet d’imaginer de nouvelles formes de prise en charge des patients, d’autoriser l’accès aux soins et à l’expertise et de fluidifier les parcours de soins.
Jusqu’à lors, la télémédecine ne s’est développée en France que par la volonté farouche de quelques pionniers visionnaires et de porteurs de projet motivés agissant par sens de l’intérêt général au bénéfice de leurs patients. Bien que son utilité ait été prouvée, cette télémédecine n’a pu se généraliser faute de ressources humaines et financières pérennes, contrairement à d’autres pays qui ont vu très tôt dans la télémédecine une réponse aux enjeux de leur système de santé.
Depuis peu, la télémédecine fait partie intégrante du parcours de soins du patient avec la mise en œuvre du remboursement par l’Assurance maladie de la téléconsultation depuis le 15 septembre 2018 et de la téléexpertise depuis le 10 février 2019. En cette période particulière liée au COVID-19, le remboursement de la téléconsultation par l’Assurance maladie ne sera plus conditionné par le passage par le médecin traitant.
L’épidémie de coronavirus bouscule les règles de fonctionnement du système de santé. Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, a annoncé ces derniers jours la levée de « l’obligation de passer (en amont) par son médecin traitant (…) avant la réalisation d’une consultation à distance ». La mesure est effective depuis le mardi 10 mars – et jusqu’au 30 avril -, avec la publication au Journal Officiel d’un décret « adaptant les conditions du bénéfice des prestations en espèces et de prise en charge des actes de télémédecine pour les personnes exposées covid-19 ».